mardi 3 janvier 2012

H H de Jean-Claude Grumberg au Théâtre du Rond-Point

Oh rage Oh désespoir!

Grumberg, c'est cuit.
Je mesure la portée de ma formule.

L'auteur des pièces inoubliables comme "l'Atelier", "Zone Libre", "L'Enfant Do", "Rêver Peut-être", ou "Une Leçon de Savoir Vivre", devrait ranger ses crayons au plus vite.

Le virtuose de l'auto-dérision, du comique le plus absurde, du désespoir le plus débridé, nous a trop déçus avec son dernier opus pour taire plus longtemps des faiblesses qui se dessinaient dans ses précédentes oeuvres "Pleurnichard" et " Vers Toi Terre Promise" et éclatent dans cette dernière pièce.

Il en eu la maîtrise complète, assurant lui-même la mise en scène et la distribution.

Jean-Claude Grumberg nous avait habitués à autre chose qu'à l'exploitation d'un "fond de commerce" ou à l'auto-célébration.
 
Dans H H, l'idée d'utiliser à tout prix, par soucis d'économie ces deux initiales coulées dans le bronze, pour orner le fronton d'une école prochainement inaugurée par le ministre en personne est au départ amusante.

La séance de délibération du conseil municipal de cette petite ville bavaroise auquel nous assistons est déjà un fiasco.

Des échanges au cours desquels l'auteur prétend dévoiler les antagonismes et les rivalités au sein de cette société "miniature" sous un jour humoristique,tournent à la caricature si grossière et convenue que l'on soupire très vite.

Le pire est à venir:
L'interminable lecture des oeuvres des deux candidats en compétition.

S'affrontent les poèmes d'Heinrich Heine, gloire nationale, fervent démocrate et la correspondance d'Heinrich Himmler, dignitaire nazi, commandant de la SS et de la Gestapo, seule personnalité locale à proposer.

Là encore l'idée aurait ou donner lieu à certains délire "Grumberien" des plus "réjouissants".

Foin de folie.
Un ennui accablant à l'écoute de ces mauvais acteurs, débitant leur texte à tour de rôle, comme en primaire,
les bons élèves forçant le ton, les médiocres le récitant d'une voix monocorde.

Et je parlerai de massacre quand on arrive à la lettre dans laquelle Himmler, étonné du petit nombre de cancéreux chez les déportés en proportion des autres pathologies sévissant dans les camps de concentration, exige du médecin chef de la SS des explications.
C'est intolérable.
On l'entend.
On ne frémit pas.
Et on s'interroge avec angoisse.

Savoir s'arrêter est impossible pour certains.
Dans le cas de Jean-Claude Grumberg c'est impardonnable.
Fervente admiratrice depuis des décennies, cela m'oblige à reconnaître, en enrageant, la disparition de son talent.

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