dimanche 31 octobre 2010

LES SOLILOQUES DE MARIETTE d'Albert Cohen - Théâtre du Petit Montparnasse

L'autre soirée de bonheur total c'est en compagnie de Mariette que nous l'avons passée. Belle du Seigneur étant un de mes livres culte, c'est avec quelque appréhension que j'ai vaincu mon a priori, un livre n'est pas une pièce de théâtre bien que la formule semble séduire toujours plus.
Anne Danais (pourquoi n'est-elle pas plus souvent présente sur scène) "habite" notre dévouée servante au delà de nos attentes. C'est sous la direction fine et intelligente d'Anne Quesemand dans un décor parfait réduit à quelques meubles illustrant idéalement l'époque, que nous écoutons avec délices notre Martine Moliéresque façon Albert Cohen, lucide et attendrissante avec son parler incomparable, nous livrer ses commentaires et réflexions sur son service ou les amours de sa "maîtresse".

Un final magnifique et inattendu rend toute sa beauté au livre : Mariette n'est plus que "lectrice", c'est ainsi qu'elle nous donne à entendre le dénouement, son départ délibéré qui la sauve d'une catastrophe annoncée dont elle refuse d'être le témoin.

mardi 26 octobre 2010

L'AMANT de Pinter - Théâtre Marigny

C'était bien désolant de voir la salle Popesco à moitié pleine pour la représentation de l'Amant de Pinter dont c'est l'une des pièces les plus troublante et émouvante sur la vie de couple. Dès la première vision du plateau, la scénographie, la lumière, les symboles  et les bruits illustrent avec un humour consommé et une rare finesse le lever quotidien de ce couple de bourgeois so british.

Les renversements de la situation sont accompagnés d'une utilisation des éléments du  décor simple mais surprenante et Didier Long nous démontre cette fois encore l'étendue de son talent : la mise -en-scène  sert le texte parfaitement, lui conservant toute sa modernité et son mystère: mystère pirandellien, mystère du désir, mystère de sa pérennité comme de sa fragilité.

Léa Drucker et Pierre Cassignard incarnent parfaitement les protagonistes de ce faux ménage à trois basculant de l'attitude la plus conventionnelle aux débordements érotiques torrides.
L'écriture si dense et corrosive de Pinter, elliptique souvent, révèle dans ce texte une profonde humanité qui touche en chacun de nous toute la difficulté de vivre à deux-un très beau moment de théâtre.