dimanche 13 février 2011

HARPER REGAN de Simon Stephens (Rond-Point) et LE CERCEAU de Victor Slavkine (désormais en tournée)

Deux spectacles magnifiques écrits par des auteurs contemporains et vivants, interprétés par de fabuleux comédiens, merveilleusement mis en scène dans des décors fascinants et de toute beauté.
Voilà les traits communs à ces deux pièces.


L'une HARPER REGAN est écrite par le jeune Simon Stephens joué en France pour la première fois.

Son personnage, Harper Regan, la belle et troublante Marina Foïs, est confrontée à un précipité de situations difficiles, voire intenables: successivement face à un patron pervers et un inconnu rencontré sur le net (le formidable Gérard Desarthe); un mari chômeur probablement pédophile et un journaliste réac, alcoolique, macho (le très bon Louis-Do de Lencquesaing); une fille en pleine crise d'adolescence (la jeune et talentueuse Alice de Lencquesaing) et des parents rejetés. Situations qu'elle traverse et parvient à surmonter à sa façon de manière surprenante.

La mise en scène de Lukas Hemleb utilise parfaitement les trois mêmes éléments de décor qui en bougeant sur une tournette définissent les lieux de chacun des différents "tableaux" de l'action. Le rythme maitrisé de l'intrigue, l'absence d'emphase, assurent une progression dramatique intense. On entre dans cette histoire si profondément que le noir de la fin, malgré son évidence, surprend la salle entière.
C'est terriblement actuel, parfaitement britannique et cette nouvelle"Mer Courage" force toute notre admiration.


L'autre LE CERCEAU de Victor Slavkine nous transporte dans un autre monde: la Russie post-soviétique.

A l'invitation de l'improbable Petouchok, improbable héritier d'une improbable maison de campagne, un improbable groupe d'amis y débarquent pour y passer un week-end placé sous le signe d'une improbable harmonie utopique ardemment souhaitée par leur hôte.

Cette galerie de personnages réunit quelques figures pitoyables, fracassées, nostalgiques ou opportunistes presque toutes mues par l'impérieux besoin d'échapper à la vie des appartements communautaires. Ils sont souvent très comiques et toujours attendrissants.

Après un premier acte éblouissant on regrette un peu que le texte ne se perde dans de plus banales digressions. Mais la mise en scène de Laurent Gutmann dans une très belle scénographie et avec d'excellents éclairages crée une atmosphère d'une rare intensité théâtrale autour des acteurs de ce monde à la dérive. C'est toute l'âme slave qui ressuscite sous nos yeux.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire