vendredi 28 octobre 2011

Tartuffe de Molière mie en scène de Eric Lacascade à Sceaux, et Le Jeu de l'Amour et du Hasard mise en scène de Galin Stoev à la Comédie Française jusqu'au 31 décembre

Jumelé perdant.

Mais non, rassurez vous, je ne saurais confondre le 17eme et le 18eme siècle, et si je vous parle de ces chefs d'oeuvre dans la même rubrique, c'est que ces deux spectacles souffrent des mêmes maux.

Mais oui j'avais trouvé vraiment géniales les précédentes mises en scène de Galin Stoev, "La Festa" avec la regrettée Christine Fersen, et  les courtes pièces d'Hanock Levin au Studio.
Le travail de Lacascade m'est beaucoup moins familier, son Tartuffe ne m'a pas convaincue, c'est le moins qu'on puisse en dire.

Car il s'agit bien là une fois encore du travail des metteurs en scène et de leur pouvoir aux conséquences trop souvent inacceptables sur des textes sublimes que  l'on se contenterait d'entendre si toutefois la diction des acteurs nous y autorisait. Mais le spectateur est confronté dès le lever de rideau à une scénographie affligeante dans les deux cas.

Pour "Tartuffe", l'escalier monumental se promène sur le plateau, le long d'une coursive en bois blanc et les tentures derrière lesquelles on pourrait être épié, ressemblent à des rideaux de douche.

Ce n'est guère mieux dans" Le Jeu de l'Amour et du Hasard" où l'on vient à se demander si Galin Stoev, bulgare d'origine, a délibérément choisi un papier peint pour son décor qui pourrait provenir d'un ancien appartement communautaire, et si Dorante doit absolument être habillé en paysan du Danube.

Les costumes du Tartuffe (Margueritte Bordat) sont sinistres, les femmes ne prennent pas la peine de s'habiller, elle vivent en cotillon (en jupon si vous préférez) à l'exception de Madame Pernelle. Economie peut-être?

Dans le Marivaux, tout le luxe et le savoir faire du Français s'étalent, mais pourquoi affubler d'une perruque en Pain de Sucre notre Lisette fabuleuse Suliane Brahim que nous avions déjà dans le Musset et qui domine une distribution dans laquelle Christian Hecq est visiblement bridé et Léonie Simaga, excellente dans "L'Opéra de Quat'Sous" et ici à contre-emploi dans le rôle de Sylvia.

Pis encore est la direction des acteurs. Diction défaillante souvent, gestuelle surabondante toujours: gesticulations, trépignements et piaillerie n'apportent rien à des textes géniaux et réduisent abusivement l'intensité dramatique, affaiblissent bêtement l'effet des répliques.

Cette volonté délibérée de contemporanité rétrécit de façon inacceptable la portée de ces pièces. Monsieur Lacascade n'est pas plus génial que Molière, quand à Monsieur Stoev il n'a rien compris à l'esprit du 18eme siècle et à l'extrême subtilité de Marivaux.

Oui je suis d'humeur chagrine. Je n'aime pas les visions réductrices.
Heureusement le théâtre public nous a aussi donné à voir récemment trois Marivaux d'anthologie:
 A Aubervilliers des "Fausses Confidences" inoubliables avec Pierre Arditi et Anouck Grimberg dans une mise en scène de Didier Bezace et des décors de Jean Haass.
A Nanterre "Les Acteurs de Bonne Foi" mise en scène de Jean-Pierre Vincent décors de Jean-Paul Chambas.
Et pour saluer la jeune génération je citerai "L'Epreuve" mise en scène de Sophie Le Carpentier.

Et "Les Femmes Savantes" de Molière mise en scène d'Arnaud Denis avec des comédiens tous épatants.

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