Hollywood - ou comment David O' Selznick s'est cloîtré avec son scénariste (Ben Hecht) et son réalisateur (Victor Flemming) pour réécrire "Autant en Emporte le Vent" après avoir stoppé un début de tournage et congédié toute l'équipe engagée pour le film George Cukor inclus.
Le sujet est alléchant: découvrir les secrets d'une production mythique du cinéma mondial, les exigences "dictatoriales" d'un producteur, les risques financiers colossaux du projet, le tournage d'un récit à la gloire du sud esclavagiste en plein conflit mondial (1942). Autant de thèmes qui pouvaient laisser augurer une soirée prenante.
J'irai droit au but, c'est raté, complètement raté.
Passées les premières minutes pendant lesquelles on ne peut s'empêcher de rire durant la scène burlesque ou Selznik après avoir convoqué son nouveau scénariste à six heures du matin, celui-ci arrivé à jeun, se voit privé de petit déjeuner (alors qu'il salive devant un plateau somptueusement servi) au prétexte que "les sucs digestifs" nuisent à la créativité. Ou lorsque le nouveau réalisateur pressenti est obligé de reconnaître à contre-coeur qu'il a giflé la pauvre Judy Garland pendant le tournage du "Magicien d'Oz".
Dès lors on s'enfonce dans une vulgaire pantalonade qui s'alourdit inexorablement jusqu'à la fin de la représentation.
Nos trois personnages se réduisent à des figures de bouffons se livrant à une série de pitreries et de contorsions aussi éculées que grossièrement jouées, caricaturant sans humour et avec outrance leur propre épuisement physique et moral tout comme les personnages du livre qu'ils sont obligés de jouer.
Particulièrement affligeant le numéro du réalisateur (Le Bihan) transformé en guenon à la suite du régime alimentaire - bananes, cacahuètes - imposé par Selznik, ou les mimiques, grimaces et gesticulations de ce dernier (Daniel Russo) interprétant Scarlett dans la scène finale.
Ni le beau décor, ni les maladroites tentatives de mise en perspective dans le contexte mondial de la contradiction entre cette histoire raciste et le statut de juif émigré du producteur ne sauvent la pièce (ou son adaptation française) d'une accablante médiocrité.
Il existe un public pour ce théâtre.
Moi j'en sors totalement déprimé ne sachant au juste si c'est des spectateurs ou des comédiens dont on se moque aussi délibérément.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire