Sur l'affiche le nom des interprètes est inscrit en grand: Dominique Pinon?Bruno Solo.
L' auteur y figure en caractères lilliputiens, à peine lisibles.
Et pourtant, Martin Mac Donagh est un écrivain comme on voudrait en découvrir plus souvent.
Sa pièce, écrite à 27 ans, est déjà l'illustration d'un talent consommé, d'une totale maîtrise de l'écriture.
Ses répliques fusent, dérangent, choquent, percutent et finissent par émouvoir.
Sujet inhabituel, singulier, cette fratrie, d'une rare violence physique et verbale, nous dépeint des êtres frustres et primaires qui s'affrontent mus par une haine recuite, au fin fond d'une région d'Irlande déshéritée où les personnages semblent tous irrémédiablement condamnés et l'espoir définitivement banni.
Dans cette humanité sans fards, ni le bon prêtre qui ira jusqu'au sacrifice ultime face à l'échec de ses vains efforts, ni la très troublante jeune fille dont le pur amour "coupable" est brisé à jamais, ne parviendront à échapper à cette déferlante de désespérance.
Quel ennui, soupirez-vous!
Quelle sinistre soirée, pensez-vous.
Détrompez-vous de suite,
Rassurez-vous sans attendre.
Ce sont deux heures de rire ininterrompu, un festival d'humour noir, de cocasserie, de truculence et de dérision, une cascade de situations tragi-comiques que nous réserve cette première "Première" de la saison.
Une merveilleuse surprise.
Le rôle des frères est parfaitement interprété, respectivement par Dominique Pinon dont le talent éclate ici comme jamais, et par Bruno Solo aussi très convaincant dans sa rugosité à fleur de peau.
Elsa Rozenknop nous révèle une jeune actrice surdouée, et Pierre Berriau incarne bien son personnage de bon samaritain.
Saluons l'excellent travail de Ladislas Chollat, le metteur en scène, ainsi que les décors d'Emmanuelle Roy.
Et félicitons particulièrement Pierre Lescure d'avoir su programmer une fois encore un spectacle de très grande qualité et d'une drôlerie dévastatrice.
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