Si la représentation, ( reniée par Beckett) en 88, du Français,m'avait parue outrancière, celle de Charles Berling, en 2008 à l'Atelier,insipide, enfin la mise en scène d'Alain Françon nous révèle pleinement le texte admirable de Beckett.
D'emblée saluons la grande beauté du décor, dont les tonalités subtiles de gris et de blanc avec ses deux minuscules et inaccessibles "ouvertures" (pas même des lucarnes) sur "l'Extérieur" illustre parfaitement l'univers voulu et décrit par l'auteur, et définit l'essence même de notre condition sans issue, dans toute sa noirceur.
Dès la première réplique:" C'est fini, ça va finir, ça va peut-être finir "l'inanité de la vie et sa fatalité ont rarement été évoquées avec pareil laconisme et une telle concision .
Pour autant, chez Beckett, ni l'espoir, aussi ténu soit-il, ni l'humour ne sont jamais absents d' aucune de ses pièces, et la "Vie" de reprendre le dessus, jusque dans les situations les plus atroces, avec ses jeux de pouvoir, ses petitesses, et sa gourmandise:" Mes gâteaux, ma bouillie" réclament à l'envie les Parents Poubelisés" au sens propre du terme.
Serge Merlin, Jean-Quentin Chatelain, Michel Robin et Isabelle Sadoyan, donnent un relief tout particulier à ce drame immobile . Le texte prend ici toute sa résonance grâce au jeu de ces quatre comédiens .
On ne regrette que davantage de ne pouvoir entendre la pièce jusqu'à son ultime dénouement, terriblement gênés par une soudaine et inexplicable diction hurlante et précipitée dans la dernière partie du spectacle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire