La Comédie Française reprend "UBU ROI" mis en scène par Jean- Pierre Vincent, dont j'avais tant aimé "Les Comédiens de Bonne Foi " de Marivaux cet hiver aux "Amandiers.
De ce texte,décortiqué, désossé, disséqué, analysé sur le mode cérébral et "profond", il ne reste rien de la "substantifique moelle."
Cette farce potache et transgressive, crée pour marionnettes à l'origine (quand Jarry était encore au lycée de Laval) d'un humour dévastateur et corrosif, il ne demeure plus qu'une démonstration didactique, gauchisante, démodée.
Les répliques les plus cocasses, les situations les plus "ubuesques", et les rengaines les plus dérangeantes, ont perdu toutes leur force comique et provocatrice.
Dans un décor sinistre (signé J.P.Chambas), Serge Bagdassarian,(qui nous avait fait pleurer de rire dans "le Fil à la Patte" ) aurait pu incarner un Ubu épatant. Las, ainsi dirigé, il n'en n'est rien. Quant à la Mère Ubu, Anne Kessler, lilliputienne et sautillante, le cheveu platine et impeccablement frisotté, elle est tout bonnement un contre-sens de l'affreuse harpie décrite par Jarry. Passons sous silence les autres protagonistes.
Jadis j'avais été éblouie par la réalisation de Jean Christophe Averty, ses moulinettes, parfaites machines à décerveler, son découpage télévisuel, ses costumes et ses interprètes grandioses: une Rosy Varte en Mère Ubu, authentique gorgone, mégère redoutable; un Jean Bouise, qui lui savait vous parler de "Phynances", sans oublier le roi Venceslas d'Henri Virlogeux et le Capitaine Bordure d'Hubert Deschamp.
C'était décapant, foutraque, tordant.
Je regrette d'avoir sali un aussi beau souvenir.
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