Ce n'est pas la qualité de l'oeuvre de Bertolt Brecht , ni celle de la musique de Kurt Weill qui ont besoin d'être célébrées ici.
Le succès était déjà au rendez-vous en 1928 lors de la création et ne s'est jamais démenti depuis. Si je n'ai pas pu voir la version cinématographique de 1931, ni la mise en scène de Sthreler en 1956 , dès mon adolescence j'ai ressenti un véritable "coup de foudre", jamais renié, pour la rengaine de "Mackie" et tant d'autres refrains chantés par Lothe Lenia (l'épouse de Brecht) comme par Ella Fiztgerald .
C'est pourquoi la version très réussie, donnée à "La Colline" en 2004 par le tandem Schiaretti et Malgloire n'était nullement un prétexte pour me priver du spectacle actuellement à l'affiche du Français .
Et là quel bonheur! Un des seuls , avec "Autour de Charlus" (dans un tout autre registre) que nous ait réservé cette "morne" saison.
Enfin une mise-en scène inventive , intelligente, fourmillante de trouvailles au service de l'oeuvre et de la musique, qui contrairement à une fâcheuse habitude des plus répandues, ne sert pas la mégalomanie délirante du "scénographe" mais la lettre et l'esprit de l'oeuvre.
Des décors, eux aussi ingénieux, très réussis, et souvent réduits à quelques éléments, des changements à vue qui contribuent à renforcer le dynamisme de l'action et des costumes si bien conçus (quelles tenues nous portent ces "Dames") et enfin les comédiens du Français:
Génial, une fois encore, Thierry Hancisse; irrésistible Véronique Vella; redoutable Bruno Raffaelli, pour ne citer que les interprètes des rôles principaux, mais tous, vraiment sont là, justes, drôles, menaçants ou touchants.Quelle troupe ! C'est impressionnant. Et même si son talent n'est plus à démontrer un grand bravo à Laurent Pelly .
Plongeons-nous dans les bas-fonds, vautrons-nous dans la fange, vivons la guerre des gangs et la complicité de l"Autorité, délectons-nous de ces propos iconoclastes et dévastateurs.
Brecht ne se trompait pas. Cet " Opera à l'Envers" est d'une actualité brûlante et son objectif avoué contre la "Totale Crétinisation de l'Opera" pleinement atteint .
Vous l'aurez compris courrez au Français ou ne manquez pas la reprise: C'est une très belle réussite.
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