L'intérieur d'un bungalow avec son mobilier de bambou, un écrivain qui tape devant sa machine à écrire,le bruit lancinant des vagues.
En fait ce n'est qu'une reconstitution de studio: nous sommes en direct pour l'enregistrement d'une célèbre émission télévisée en pleine crise de Cuba.
Face à un Tennessee Williams tour à tour cinglant ou vulnérable, émouvant dans la sincérité de ses réponses à l'évocation de certaines de ses blessures, un journaliste chevronné,Alvin Baker, qui ne se laisse pas facilement démonter en dépit de son évidente méconnaissance de l'oeuvre et de la personnalité de son invité.
Les échanges sont percutants,l'incompréhension totale.
Ce dialogue de sourds, serré et déroutant crée une incontestable densité dramatique,encore renforcée par la gravité des évènements extérieurs, et, comme devant le petit écran, on regrette vraiment les "coupures" dans l'émission, qui, dans la pièce, permettent d'habiles flash-back sur certains épisodes tragiques de la vie privée de Tennessee Williams, mais qui provoquent une rupture de rythme à ce remarquable entretien.
Car c'est bien dans les réponses de l'écrivain lui-même que ressortent le mieux son sens de l'auto-dérision, de la provocation, mais aussi l'expression d'une poignante résignation face à la vie.
Ce spectacle est un beau travail d'ensemble: la qualité du décor, de la mise-en-scène, de l'interprétation des deux excellents comédiens (Frédéric Saher et Benoit Solès) rendent un hommage sensible et convaincant pour célébrer le centenaire de la naissance du célèbre dramaturge américain.
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